mardi 9 septembre 2008

[USA Sports] Manque de sport

USA Sports doit être une marque, je l'ai remarqué dans le bus qui me conduisait à la gare sur la tranche d'un pantalon de jogging d'un passager.

Intérieurement j'ai ri parce que le dit passager n'avait pas dû voir un terrain de sport depuis quelques années.

Je n'ai rien contre les non sportifs, j'en suis un moi même.

En fait ce qui m'a fait rire, c'est que des pantalons conçus pour la pratique du sport soient utilisés pour dissimuler des rondeurs et vendus "grande taille" pour une population qui ne pratique plus depuis longtemps du sport.

dimanche 7 septembre 2008

[USA Sports] Tablier graisseux

Notre société s'américanise nous dit-on.

Séries, politique, habitudes, musique, nourriture ... obésité !

Des obèses à l'hôpital, j'en ai peu vu jusqu'à présent. Des patients en surpoids, il y en a beaucoup (ils sont davantage concernés par les maladies que les personnes maigres, c'est une observation certaine) mais de vrais obèses, non.

Aujourd'hui, mes statistiques personnelles ont dévié. En une journée, j'ai compris pourquoi nos hôpitaux sont inadaptés à ces populations là.

45 ans et 140 kg
26 ans et 270 kg

C'est un miracle si elles arrivaient encore à marcher, et heureusement d'ailleurs parce que mon dos n'aurait pas apprécié de devoir les aider. Je pense aux aide-soignants ou aux infirmiers qui doivent donner leur santé pour mobiliser ces patients et pour une paye minable (je dis minable non pas que le montant ne soit pas à la hauteur du nombre d'années d'études mais bien minable parce que ce travail est fatiguant, éreintant physiquement et mentalement).

Les corps sont déformés à l'extrême. Aucun lit, aucune chaise (les patients ont dû attendre debout dans la salle d'attente) n'est adapté. Pas même les appareils d'imagerie, les ultrasons de la sonde d'échographie n'arriveront pas à dépasser cet épais tablier graisseux. Dommageable lorsqu'il s'agit de savoir si le coeur de la patiente est capable de supporter une chirurgie digestive envisagée pour réduire cette obésité.

samedi 6 septembre 2008

[Potins d'hôpital] Mme Dati

Discuter avec un patient pour le faire patienter, pour se distraire parfois et souvent pour ne pas paraître idiot à attendre devant lui.

Je conversais avec une femme qui tenait dans ses mains un magazine (que je pensais sérieux, il y a encore quelques mois mais qui s'est converti au sensationnalisme de caniveau) avec une photo de la Garde des Sceaux.

Je débute par :

"Vous savez donc qu'elle est enceinte ?"

"Oh oui comme tout le monde. Apparemment les bons journalistes de la Cour ont cru bon d'informer le peuple qu'une fois la Vice Reine incapable d'élargir plus encore ses hauts Prada."

"Et à votre avis, qui est le père ?"

"Peut être Sarko ?"

"Non, il est marié depuis plus de 3 mois."

"Quand on a la chance d'avoir une belle épouse, on prend garde à choisir une maîtresse qui sait qu'elle n'a aucune chance face à la légitime. De toute façon soit c'est lui soit c'est un don de sperme."

"Une conception in vitro, pourquoi dites vous cela ?"

"A 42 ans être seule et par miracle tomber enceinte comme ça, soit vous êtes lesbienne (ça m'étonnerait), soit vous découvrez les plaisirs du sexe trop tard (en politique, c'est impossible), soit votre vie est un bordel. Elle a dû se dire à 42 ans : 'je n'ai fondée aucune famille, mon ministère va m'échapper comme la liaison avec le Président m'est déjà passée sous le nez'; résultats pour exister, elle a oublié de prendre sa pilule (alors qu'elle la prenait consciencieusement depuis ses 15 ans) et hop au passage elle a le donneur et elle ne sait pas qui sait. Donc entre Sarko et sa vie compliquée, se serait bien que se soit Sarko, au moins le gamin aurait un père."

"On dirait que vous y avez réfléchi ?"

"Que voulez-vous, je suis veuve, à la retraite, mes enfants ne viennent plus me voir parce qu'ils m'ont offert internet donc ..."

jeudi 4 septembre 2008

Le sens des sens

Si j'ai fait une série de messages sur les sens, c'est pour que vous soyez attentifs à l'avenir à ceux là. Le médecin est un être sensible qui n'a pas encore été totalement dévoré par la technique contrairement aux autres professions.

mardi 2 septembre 2008

[Les Sens] Le Goût

Les médecins de la Renaissance pouvaient diagnostiquer un diabète en goutant les urines. C'est d'ailleurs de là que vient la distinction entre diabète insipide (dont les urines n'ont pas de saveur, ne sont pas sucrées) et le diabète sucré.

Aujourd'hui le goût est le seul sens qui ne profite pas directement au malade, il est utile au seul médecin lorsque celui ci se fait offrir des petits déjeuners par des laboratoires pharmaceutiques, lorsqu'il prend sa pause café au début d'une garde de 24 heures ou qu'il se tape une cuite pendant ses longues années d'études.

Le goût m'appartient, c'est la seule part de mes sens que je n'ai abandonné à la médecine, elle qui m'a demandé de m'offrir à elle toute entière.

dimanche 31 août 2008

[Les Sens] Le toucher

La poignée de mains est le geste le plus courant dans nos civilisations, c'est une marque de respect, de sympathie, de distance, de salut ... Il peut tout vouloir dire et aussi son contraire.

A l'hôpital, comme ailleurs, on se sert la main entre collègues et avec le patient.

Certains patients vous la tendent sans attendre, d'autres vous laissent l'initiative et les derniers l'ignorent.

Je déteste serrer des mains, je ne sais à qui j'ai déjà dit bonjour quand il s'agit de collègues (la moindre omission dans ce protocole systématique et ridicule vous vaud un commérage dans la minute), je dois me laver les mains de nouveau lorsqu'il s'agit de patients.

Serrer des mains c'est prendre le risque de salir mon outil, de le blesser aussi. J'utilise ma main pour percurter l'abdomen, pour sentir un pouls, pour palper une côté cassée, pour délimiter une tuméfaction, pour caractériser un épanchement, ...

Mes mains sont précieuses.

vendredi 29 août 2008

[Les Sens] La Vue

"Je vais vous demander de retirer le haut, madame s'il vous plait."

"Même le soutient gorge ?"

"Oui c'est préférable pour placer la sonde."


La femme ne m'adresse aucun regard mais je la sens gêné. Elle sort du déshabilloir avec un linge sur sa poitrine, s'allonge sur le lit pour passer son échographie. Je la prépare comme à mon habitude et vient le moment (que je garde toujours pour la fin) où je dois retirer le linge pour placer des électrodes de suivi de l'activité électrique du coeur.

Je reste impassible face à ce que je découvre, la patiente ferme les yeux, une faible larme roule sur sa joue droite.

Je place un champ rapidement sur sa poitrine pour éviter que ne dure trop longtemps cette exposition douloureuse.

Dans ces moments là, on veut tout faire au mieux, ne pas blesser la personne. En sentant la souffrance de cette femme qui craignait de montrer cette part d'elle même, j'ai immédiatement imaginé les raisons qui pouvaient la pousser à agir ainsi : la pudeur, le manque de maturité, une mastectomie (ablation d'un sein souvent dans les cancers), une difformité ...

Rien de tout cela, Hirsutisme : elle avait une profusion de poils sur le thorax.